Les infirmières libérales dans la rue pour des augmentations tarifaires

"Valletoux, lâche les sous !": plusieurs centaines d'infirmières libérales ont manifesté jeudi à Paris à l'appel d'un collectif et de deux syndicats pour demander notamment la revalorisation de leur tarif de base, inchangé depuis 2009.

AFP Publié le 04/04/2024 à 15:22, mis à jour le 04/04/2024 à 15:22
Une manifestante tient une pancarte indiquant "Infirmières libérales oubliées, patients en danger" lors d'une manifestation de la profession pour exiger plus de reconnaissance et une revalorisation face à l'inflation à Paris, le 4 avril 2024. AFP / Mehdi FEDOUACH

Toutes ou presque en blouse blanche, sous des capes de pluie, les manifestantes réunies à 11H00 ont défilé entre la place de la Bastille et le ministère de la Santé dans une ambiance assourdissante, entre musique, chants et cornes de brume.

"Se saigner pour soigner, jusqu'à quand ?", "Valletoux, lâche les sous", affichaient leurs pancartes, au milieu de drapeaux régionaux, notamment bretons ou franciliens.

"Pendant le Covid, on nous disait qu'on jouait un rôle pivot" permettant le maintien à domicile, rappelle Alexandra Veyret, l'une des deux co-présidentes du collectif des "Infirmiers libéraux en colère" à l'origine de la manifestation. Mais après, "on a disparu des radars" et avons été "oubliés du Ségur de la Santé", qui a revalorisé les salaires à l'hôpital.

Aujourd'hui, pour "gommer l'inflation", les infirmières --profession majoritairement féminine-- sont contraintes d'enchaîner les patients et sont parfois amenées à choisir de pratiquer certains actes plutôt que d'autres, a-t-elle décrit, assurant toucher par exemple 8,83 euros pour une prise de sang à domicile.

"On fait une centaine de kilomètres par jour, c'est fou ce qu'on dépense en essence", lance dans le cortège Sophie Brière, 39 ans et infirmière dans l'Yonne depuis 12 ans. "Dans notre région on manque beaucoup de médecins" et "on compense, mais on n'est pas remerciés ni valorisés", ajoute-t-elle.

"Le départ à la retraite est trop tardif, 67 ans, ce n'est pas possible pour moi", explique aussi à l'AFP Philippe Vivien, 63 ans, qui touche environ "2.000 euros par mois", soit "pas plus que lorsqu'il travaillait à l'hôpital en tant qu'aide-soignant".

"J'ai des douleurs dans les jambes, le dos et la pénibilité est surtout psychologique: on doit répondre à toutes les demandes des familles", gérer des "situations compliquées". "Certains collègues ont terminé récemment en +burn out+", poursuit-il.

La "brique" de base de la tarification des soins infirmiers (AMI, 3,15 euros) n'a pas bougé depuis 2009. Seules des revalorisations ponctuelles ont eu lieu depuis cette date.

L'Assurance maladie a ainsi revalorisé de 25 centimes à 2,75 euros l'indemnité forfaitaire de déplacement, qui s'ajoute aux frais kilométriques et n'avait pas bougé depuis 2009.

Elle a aussi réformé les tarifs forfaitaires de soins journaliers pour les personnes dépendantes, ce qui représente, selon l'Assurance maladie, "un investissement de 700 millions d'euros" sur la période 2019-2024.

La manifestation est soutenue par l'un des trois syndicats représentatifs de la profession, le Sniil (syndicat national des infirmiers et infirmières libéraux) et une organisation plus petite, l'Onsil (organisation nationale des syndicats d'infirmiers libéraux).

Les deux autres syndicats représentatifs, la FNI (Fédération nationale des infirmiers) et Convergence Infirmière, n'ont pas appelé à manifester mais réclament eux aussi l'ouverture urgente de négociations tarifaires.

Les infirmières et infirmiers libéraux sont environ 100.000 en France.

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