"À l’époque de Pompidou, notre pays faisait mieux que le reste du monde", selon David Lisnard, coauteur d'un livre sur l'ancien président

Coauteur d’un livre sur Georges Pompidou qui vient de paraître, le maire LR de Cannes évoque les "leçons" du successeur de Charles de Gaulle: "Il faisait peu de discours, mais il agissait".

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Lionel Paoli Publié le 31/03/2024 à 08:30, mis à jour le 31/03/2024 à 09:10
Coauteur d’un livre sur Georges Pompidou qui vient de paraître, le maire LR de Cannes évoque les "leçons" du successeur de Charles de Gaulle: "Il faisait peu de discours, mais il agissait". Photo NM

Le maire LR de Cannes vient de publier Les Leçons de Pompidou, cosigné avec Christophe Tardieu aux éditions de l’Observatoire. À la fois une réflexion politique et un hommage à une personnalité atypique.

Vous êtes trop jeune pour avoir connu Pompidou. Pourquoi ce livre?

Au départ, il y a le souvenir d’une remarque que faisait mon père. Autodidacte, il critiquait volontiers les politiques. Mais lorsqu’il parlait de Pompidou, il disait: "Lui, il nous comprenait". Plus tard, lorsque je suis devenu moi-même un praticien de la vie politique, j’ai retrouvé dans l’expérience de Pompidou des qualités que je juge positives: la constante, le bon sens, le pragmatisme.

Vous citez la première phrase du "Nœud gordien" (1): "Gouverner, c’est contraindre". Peut-on encore, aujourd’hui, gouverner un pays en contraignant ses habitants?

La contrainte qu’évoque Pompidou est celle qui procède du contrat social. Dès lors qu’on a reçu mandat pour gouverner, il faut le faire sans chercher à flatter les opinions. Une politique publique doit être d’abord expliquée, puis exécutée sans faiblesse – en éliminant les "mais" susceptibles d’entraver l’action.

Comme le général De Gaulle, il plaidait pour une Europe des nations. Cette conception est-elle encore efficiente dans une association de 27 pays?

Elle est absolument indispensable. Pompidou était conscient de la nécessité d’atteindre une certaine "taille critique" pour exister face à la Russie et aux États-Unis. Mais sa vision était claire: pour des accords internationaux, contre la supranationalité! Il a prédit, très tôt, le risque que l’Europe devienne une machine à produire de la norme, plutôt qu’un cadre pour développer des ambitions et des projets.

"Pompidou n’aurait jamais existé sans De Gaulle", dites-vous, "mais le Général n'aurait jamais été totalement De Gaulle sans Pompidou". Pouvez-vous préciser?

Le rôle de Pompidou a été fondamental dans les neuf ou dix mois qui ont précédé la création de la Ve République. C’est lui que De Gaulle a envoyé, plus tard, pour discuter avec le FLN en Algérie. De 1962 à 1974, on lui doit l’une des plus grandes périodes de prospérité qu’ait connue notre pays. De 1962 à 1968, c’est vraiment Pompidou qui gouverne: aucun Premier ministre n’a eu autant de liberté. C’était le taulier. Devenu Président, enfin, il a réussi une chose extraordinaire: l’après-De Gaulle. Ça n’allait pas de soi à l’époque.

Pompidou plaçait l'industrialisation au premier plan. Son discours est assez proche de celui du Président actuel?

La différence, c’est que Pompidou faisait peu de discours, mais il agissait! À l’époque, la France faisait mieux que le reste du monde. Mieux que l’Allemagne, que les États-Unis, que la Suisse… Aujourd’hui, nous sommes les cancres de l’Union européenne. Et le plus grave, c’est qu’une partie des Français y voit une forme de fatalité.

On connaît son bilan économique et culturel. En matière sociale, il est plus contesté…

Il n’est pas contesté; il est ignoré. Pompidou estimait que toute politique sociale doit être précédée d’une politique de la prospérité. On lui doit notamment la mensualisation des salaires et la transformation du Smig en Smic – indexé sur l’activité économique et non sur l’inflation, ce qui incite à la performance. Il était très attentif à ne pas étouffer l’individu.

N'était-il pas plus facile d'être chef de l’État à l'époque qu'aujourd'hui?

Personne ne le sait. Mais je pense que les dirigeants de cette époque, qui avaient connu des périodes tragiques, rendaient les choses plus faciles: ils assumaient leur leadership sur l’administration.

De toutes les "leçons" de Pompidou, s’il ne fallait en garder qu’une?

La nécessité d’être à la fois pragmatique et constant dans ses principes. Pompidou était cohérent: il ne mentait pas, ne faisait pas de théâtre. C’est peut-être aussi pour cela qu’il était tant aimé.

1. Le testament politique de Georges Pompidou, publié juste avant sa mort.

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