Les pieds dans le Var, la tête en Ukraine: comment cette association basée dans l'Est-Var vient en aide aux réfugiés ukrainiens

Créée dans l’urgence, un mois après le début de l’invasion russe, l’association France-Ukraine du Var, basée à Fréjus/Saint-Raphaël, vient en aide aux réfugiés ukrainiens. Une action sans fin.

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P.-L. P. Publié le 31/03/2024 à 07:00, mis à jour le 31/03/2024 à 07:00
Pour aider les réfugiés ukrainiens à gagner en indépendance, l’association France-Ukraine du Var dispense des cours de français tous les samedis matin. Bilingue, Alina Yanaieva, la fille de Nadiia, y participe. Photo Camille Dodet

En cette matinée venteuse d’une fin mars printanière, Fréjus-Plage a comme des allures de bords de mer Noire. Et pour cause: depuis deux ans, la commune balnéaire héberge l’association France Ukraine du Var (1), créée à la hâte un mois à peine après le début de l’agression russe. "Lorsque la guerre totale a éclaté, je rentrais à peine de quelques jours de vacances à Odessa. Je me suis alors demandé ce que je pouvais faire pour aider mon pays depuis la France", raconte Nadiia Yanaieva, la présidente de l’association.

Installée sur la côte varoise depuis 2019 où elle a lancé la marque de prêt-à-porter Azuri, dont les vêtements sont fabriqués tant bien que mal dans des usines à Odessa, Nadiia est en quelque sorte passée en "économie de guerre". Multipliant les collectes de dons, aussi bien auprès des particuliers que des supermarchés de la région, l’association France-Ukraine du Var a organisé en deux ans une vingtaine de convois à destination de l’Ukraine. Le dernier en date concernait un stock de vêtements de sport de la marque Quentalys, offert par Frédéric Tibéri, conseiller municipal de Saint-Raphaël délégué aux grands événements sportifs. "Tous ces convois sont partis en zone de guerre, au bénéfice des hôpitaux, des orphelinats et des combattants ukrainiens", précise Linda Maslova, franco-ukrainienne arrivée dans le Var en 1992, et aujourd’hui bras droit de Nadiia.

À l’exception de Dima, encore un peu jeune, les réfugiés ukrainiens sont concentrés sur leur leçon de français consacrée ce samedi matin à la visite chez le médecin. Photo Camille Dodet.

Un accompagnement de tous les instants

Mais l’action de France-Ukraine du Var ne se limite pas au seul soutien des Ukrainiens restés au pays. Très vite, l’association s’est occupée des réfugiés - essentiellement des femmes et des enfants - arrivant dans le département. En à peine plus de deux ans, Nadiia et Linda ont ainsi accompagné quelque 500 personnes dans leurs démarches administratives. Et même au-delà. "Pendant les six premiers mois qui ont suivi l’invasion de la Russie, nos téléphones n’ont pas arrêté de sonner. Un soir, on a même reçu un appel d’une famille qui arrivait après un long périple et dont l’un des membres n’avait plus d’insuline pour son traitement contre le diabète. Nadiia a trouvé la solution", raconte Linda, encore impressionnée par l’efficacité de sa complice.

Linda Maslova et Nadiia Yanaieva (accompagnée ici de sa fille Alina) sont les fondatrices de l’association France-Ukraine du Var. Photo Camille Dodet.

Aussi "amusante" soit-elle, cette anecdote ne retranscrit pas vraiment le travail de France-Ukraine du Var. "Que ce soit pour les dossiers d’obtention de la protection temporaire ou de l’allocation pour demandeur d’asile, les entretiens d’embauche ou les démarches pour un logement, on accompagne les réfugiés à tous les instants. C’est sans fin!", confie Linda. Et d’ajouter un autre exemple parlant: "Avec l’aide incroyable du Crédit Agricole qui a accepté de détacher trois de ses salariés pendant deux jours, on a ouvert 180 comptes bancaires pour les réfugiés ukrainiens".

Mais, ne sachant pas combien de temps ces derniers vont rester en France - "Les réfugiés ne le savent pas eux-mêmes. Ils sont dans un entre-deux. Ni là-bas, ni vraiment ici. Et quand on leur demande ce qu’ils comptent faire une fois la guerre finie, ils hésitent à répondre. Sans doute un peu méfiants, par habitude" -, Nadiia et Linda diversifient encore davantage l’activité de l’association.

Tous les samedis après-midi, dans cette même salle de Fréjus-Plage, l’association France-Ukraine du Var propose des cours de dessin. Cette fois aux enfants ukrainiens réfugiés. Photo DR.

Difficile apprentissage du français

Dans la logique de la pensée chinoise selon laquelle, "quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson", elles proposent des cours de français auxquels participent Alina, la fille de Nadiia. Tous les samedis matin, les adultes qui le veulent peuvent s’initier à la langue de Molière dans la salle que le Comité de défense des intérêts généraux de Fréjus-Plage (2) met à disposition de l’association. "On a baptisé cet accueil des adultes le « Club Coulbabki" (pissenlit en ukrainien), parce que ces personnes sont comme des fleurs qu’on a arrachées à leur terre pour les amener ici », explique Linda.

Tous les samedis après-midi, dans cette même salle de Fréjus-Plage, l’association France-Ukraine du Var propose des cours de dessin. Cette fois aux enfants ukrainiens réfugiés. Photo DR.

Côté contenu, il s’agit avant tout de français pratique, comme en témoigne le thème choisi pour ce samedi matin: une visite chez le médecin. Roland, un jeune retraité de l’armée de Terre française, aide bénévolement pour donner la bonne prononciation. Alina, qui parle le français couramment, assure la traduction. Avec plus ou moins de facilité, la dizaine d’Ukrainiens présents ce jour-là répète à tour de rôle: Depuis quand avez-vous ces symptômes? Pourriez-vous me donner une ordonnance? Mais on devine que leurs blessures au cœur ne sont pas près d’être guéries…

1. Pour toute information complémentaire, contacter l’association à l’adresse mail suivante: afu.var@gmail.com

2. L’association France-Ukraine du Var est toujours à la recherche d’une salle.

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