Découvrez comment les archéologues ont décrypté le fonctionnement du réservoir de la plateforme romaine à Fréjus

Les archéologues de Fréjus étudient les nouveaux relevés, analysent les enduits afin de découvrir le fonctionnement du réservoir de la plateforme romaine.

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J. J. Publié le 31/03/2024 à 07:45, mis à jour le 31/03/2024 à 07:45
Le topographe Vincent Dumas a déployé la technique 3D dans ce lieu classé au titre des Monuments Historiques. Photo DR

Les fouilles de la plateforme romaine terminées depuis peu, le programme des archéologues de Fréjus cible analyses des données collectées, études des enduits, des dépôts sédimentaires, du mobilier archéologique… Et pour mieux déchiffrer les mystères de la colossale citerne qui était située sous la cour antique, ils ont fait appel au spécialiste du centre Camille-Jullian CNRS d’Aix-Marseille Université. Le topographe Vincent Dumas a déployé la technique 3D dans ce lieu classé au titre des Monuments Historiques.

Dans le cadre d’une convention avec le laboratoire Camille Jullian, le service archéologie et patrimoine de la Ville de Fréjus a recueilli des captations 3D afin d’obtenir le volume total du réservoir de la plateforme romaine.

Capacité de 400m3 mais pas de pompe

Formé de trois vaisseaux dotés de six piliers et de voûtes spectaculaires, construit sous une immense cour de 40m sur 40, ce réservoir mesurant 13m sur 10, est conservé en totalité dans un état remarquable, avec une hauteur des voûtes de cinq mètres, dont la maçonnerie concrète est entière depuis 2000 ans.

Cette immense cuve pouvait contenir 400m3 d’eau et les archéologues fréjusiens ont découvert comment étaient récupérées les eaux de pluies. "L’eau ruisselant des toitures tombait dans des puits situés aux quatre angles de la vaste cour centrale. Il y avait environ 6.000 mde toitures à l’époque, un beau volume, a précisé Pierre Excoffon, directeur du service archéologie et patrimoine de Fréjus. Nous étudions les relevés afin de comprendre comment cette eau était redistribuée car nous n’avons trouvé aucun système de pompe, aucun dispositif de noria. Seul a été mis au jour un égout d’évacuation qui descendait en direction de la Villa Marie. La plateforme dominant la mer, est-ce que cette eau était destinée à alimenter les bateaux en contrebas? Nous cherchons des hypothèses, nous n’avons pas, pour le moment, les modalités d’extraction de l’eau".

Mesurer, archiver, restituer en images 3D

Photo DR.

Ces nouveaux scans 3D ont photographié tous les détails de l’intérieur de la citerne, avec un rendu parfait de la réalité de la structure. "Nous allons pouvoir étudier, prendre des mesures mais aussi établir une archive de l’état actuel de la citerne, a souligné l’expert. La précision de ces relevés photogrammétriques servira à produire un modèle 3D, à réaliser une restauration virtuelle pour le grand public".

La société Edikom, qui travaille sur la restitution numérique, doit reconstituer la cuve de l’époque romaine. En plus d’enrichir la recherche scientifique, les scans aideront à créer un support de médiation. "Offrir aux visiteurs une restitution virtuelle nous permet d’éviter une restauration qui change le vestige. Nous préférons conserver les ruines en l’état et donner des images en 3D au public, a poursuivi Pierre Excoffon. Les mosaïques des bâtiments pourront être visibles alors qu’elles ont été totalement détériorées".

Dès le mois de juin, une nouvelle phase va s’ouvrir, celle de la valorisation patrimoniale du site. À terme, un circuit aménagé offrira au public la possibilité d’admirer cette merveille antique.

 

Des hypothèses qui s’affinent avec les analyses

À quoi seront consacrées ces prochaines semaines?

Pierre Excoffon: Nous allons traiter les données que nous avons récoltées sur le terrain, identifier les mortiers, les enduits, recomposer les traces de mosaïques.

Vos hypothèses ont-elles changé depuis les fouilles?

Nous allons dater de façon plus précise la plateforme romaine. La citerne était connue et dégagée par Alphonse Donnadieu qui a estimé son édification à la fin du premier siècle avant Jésus-Christ. Tout comme Paul-Albert Février. Mais une datation plus précise - et je le dis avec prudence - laisserait à penser qu’elle serait plus récente, de la deuxième moitié du premier siècle après Jésus-Christ. L’ensemble monumental, un plan de 8 000 m2 pourrait donc dater de 50 à 100 ans de notre ère, ce qui nous donne d’autres hypothèses sur sa destination, c’est-à-dire, non la maison privée d’un richissime propriétaire devenue préfecture mais une préfecture à vocation administrative dès le début.

Qu’est-ce qui vous conduit à supposer cela?

Les enduits intérieurs de la citerne sont en partie constitués de chaux mélangée à du charbon, technique décrite par Vitruve, célèbre architecte romain. Dans le mortier, sur une épaisseur d’un centimètre, on a pu prélever des fragments de bois jeune que nous allons pouvoir passer au C14. Dans les traces de concrétion, des captages ont été condamnés: Serait-il possible que l’eau de l’aqueduc ait été détournée vers la citerne? On ne comprend pas la totalité de l’ouvrage au moment de sa fouille. Ce sont les analyses et les études post-fouilles, le travail de comparaison, entre chercheurs, qui nous permet d’affiner. En Croatie, il y a un système proche de celui de Fréjus. Et Claudio Taffettani, responsable d’opérations, est parti justement à Aix rencontrer d’autres scientifiques.

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