"On était tous démunis": ces Azuréens ont pu retourner dans ce cimetière de Nice fermé depuis près d’un mois

Depuis près d’un mois, le cimetière de Caucade, à Nice, était fermé au public à cause d’arbres déracinés ayant dégradé plusieurs tombes. Ce samedi, le site a pu rouvrir. Les usagers ont retrouvé leurs chers disparus, enfin.

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Christine Rinaudo Publié le 30/03/2024 à 16:30, mis à jour le 30/03/2024 à 18:03
Après deux épisodes méditerranéens de forte intensité, qui ont provoqué la chute d’arbres sur des tombes, le cimetière de Caucade a rouvert ses grilles ce samedi matin. Photo Cyril Dodergny

Cela peut sembler paradoxal mais la vie a repris, ce samedi, au cimetière de Caucade. Non pas en raison des fêtes pascales synonymes de résurrection mais parce que l’immense lieu aux milliers de sépultures a enfin rouvert ses grilles au public. Elles étaient fermées depuis le 3 mars en raison de deux épisodes méditerranéens particulièrement marquants.

Le cimetière de Caucade, cher au cœur des Niçois, a lui aussi payé un lourd tribut à la révolte du ciel: des dizaines d’arbres arrachés qui se sont effondrés, impactant quatorze zones des 32 hectares et une cinquantaine de sépultures, dont certaines en mille morceaux.

Pour sonder les 1.700 arbres plantés et éviter d’autres déracinements, sécuriser des espaces, commencer un état des lieux, la Ville de Nice avait donc décidé d’interdire l’accès du cimetière aux nombreux usagers, exception faire pour les inhumations.

État des lieux

Ce samedi matin, changement d’ambiance. Des voitures roulent ou stationnent au bord des allées, des gens seuls ou en couple, sont là pour voir l’état de leur dernière demeure, nettoyer, arroser les jardinières, les refleurir, se recueillir à nouveau sur les dalles funéraires.

Dès l’ouverture, l’emblématique site niçois dédié aux défunts a revu les usagers venus multiplier rituels et fleurissements. Photo Cyril Dodergny.

"Moi je n’ai rien", lâche, au téléphone, un monsieur soulagé par l’état de son caveau. Non loin de là, des rubans de signalisation rouges et blancs entourent des troncs encore peu sûrs ou carrément des enfilades de sépultures au milieu desquelles s’amoncellent, dans un chaos impressionnant, des fragments de marbre, de granit, de pierre, des monticules de terre, des vasques descellées. Parfois, les dégâts sont énormes. On regarde en silence. Les gens se désolent silencieusement, se saluent, liés par un fil solidaire invisible, mais palpable.

Certains secteurs des 32 hectares ont particulièrement souffert du passage de la tempête. Photo Cyril Dodergny.

"Très heureuse de reprendre mes habitudes"

Enchevêtrement de croix renversées, d’anges brisés, de chapelles défoncées. De sentiments mêlés et contrastés aussi. Dans l’allée principale, Marie a ouvert la porte du coffre de sa voiture. Rempli de lys, hortensias, bégonias… destinés à la tombe familiale. Elle se rattrape de ce mois de disette florale tout en éprouvant de la colère: "Durant la fête des Rameaux, impossible de faire bénir les tombes. Les services municipaux auraient pu neutraliser les zones les plus touchées par la tempête, mais laisser l’accès libre aux autres. J’ai téléphoné tous les jours. Rien à faire. Je viens au cimetière tous les dimanches et, là où j’ai la tombe, il n’y avait aucun risque. Je suis très heureuse de reprendre mes habitudes."

"C’est comme si j’allais revoir mon fils vivant"

Un peu plus haut, Christian revient de la fontaine. Eau dans les pots. Larmes dans les yeux et la voix. Lui, c’est un fidèle des lieux: "Je suis présent tous les jours pour me recueillir sur la tombe de mon fils. Il est parti en 2015. Il avait 20 ans. Ce dimanche, c’est son anniversaire… Le cimetière a fermé du jour au lendemain. Ne pas pouvoir entrer fut pénible. On espérait qu’il y ait des coins épargnés et ouverts mais cela serait revenu à faire des préférences. On était tous démunis. Là, enfin, on est tellement heureux. Ce matin, c’est comme si j’allais revoir mon fils vivant…"

Allée de la Paix, un monsieur passe la balayette sur le granit irisé d’une tombe. Un habitué lui aussi. Un pauvre père rattrapé par un destin implacable: "Je viens chaque semaine sur la tombe de mon fils. Il est mort à 45 ans. Je lui parle, on me prend peut-être pour un fou, mais ça m’est égal." Et là, il lui reparle à ce fils adoré. "Cela me manquait. Je revis..."

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