C'est la première fois qu'un opposant au camp présidentiel l'emporte dès le premier tour en douze élections au suffrage universel au Sénégal. Ce lundi, Bassirou Diomaye Faye, "plan B" du parti d'opposition Pastef (Parti d'opposition des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité), a remporté l'élection présidentielle sénégalaise.
Une victoire qui n'est pas encore officielle - les résultats définitifs seront communiqués d'ici vendredi, mais d'ores et déjà reconnu par son principal adversaire, Amadou Ba, candidat du camp présidentiel et poulain du président sortant Macky Sall.
Qui est Bassirou Diomaye Faye?
Peu connu du grand public il y a encore quelques mois, Bassirou Diomaye Faye est un opposant au système, inculpé d'"outrage à magistrat", "diffamation" et "diffusion de fausse nouvelle" après avoir publié un message critique envers la justice. Le quadragénaire a passé 11 mois derrière les barreaux, sans avoir même été condamné au préalable, avant d'être relâché le 14 mars dernier, soit 10 jours avant l'élection, grâce à une loi d'amnistie adoptée huit jours plus tôt.
Le Sénégalais doit aussi sa notoriété à Ousmane Sonko, figure de l'opposition dans le pays, qui lui apporte son plein soutien en appelant ses fidèles à voter pour celui qu'il qualifie de "jeune frère".
Condamné en juin 2023 à deux ans de prison ferme pour "débauche de mineure", Ousmane Sonko avait vu sa candidature rejetée par le Conseil constitutionnel. Interpellé et inculpé en juillet dernier pour, entre autres, "appel à l'insurrection" et "complot contre l'Etat", il était détenu depuis cette arrestation, avant d'être libéré en même temps que Bassirou Diomaye Faye.
Quelles sont ses priorités?
Bassirou Diomaye Faye assure que le fondement de son projet est "la réhabilitation des institutions de la République" et "la restauration de l'Etat de droit" bafoués selon lui par le régime du président sortant Macky Sall.
Il dit vouloir lutter contre "l'hyperprésidentialisme", qui a engendré une "mainmise de l'exécutif sur le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire" et a conduit ces dernières années, selon lui, à une "instrumentalisation de la justice" pour traquer les opposants et les emprisonner.
Le prochain chef de l'Etat promet de limiter les pouvoirs du président, susceptible de destitution, de créer un poste de vice-président, d'interdire le cumul des mandats électifs, de lutter contre la corruption et d'instituer des peines alternatives à l'emprisonnement.
Le nouveau président promet une réappropriation de la souveraineté, mot employé 18 fois dans son projet, ainsi qu'une réforme monétaire, voire la création d'une monnaie nationale, le Sénégal, à la place du franc CFA hérité de la colonisation dans plusieurs pays africains.
Qu'est-ce que cette élection va changer pour la France?
Le nouveau dirigeant sénégalais assure vouloir rééquilibrer ses partenariats internationaux, et renouveler sa relation avec la France, l'ex-puissance coloniale, qui est son premier partenaire commercial.
Le président français Emmanuel Macron a félicité lundi soir le vainqueur de l'élection présidentielle et s'est réjoui de "travailler avec lui" afin de maintenir des relations solides entre les deux pays.
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