JO de Paris: des migrants "envoyés en catimini" en province selon des maires, une "solidarité nationale" pour l'Etat... on fait le point sur un "nettoyage social" dénoncé par les associations

Depuis plusieurs mois, des associations dénoncent un "nettoyage social" de la région francilienne, progressivement vidée selon elles de ses populations les plus précaires vivant à la rue en vue des JO. Ce lundi, le maire d'Orléans Serge Grouard a lui aussi dénoncé l'arrivée de migrants dans sa ville.

AFP Publié le 27/03/2024 à 16:30, mis à jour le 27/03/2024 à 16:30
Des militants associatifs avaient mené fin octobre une opération coup de poing devant le monument parisien du Sacré-Coeur pour dénoncer le "nettoyage social" de l'Ile-de-France. Photo AFP

Que dénonce le maire d'Orléans?

Le maire d'Orléans Serge Grouard (ex-LR) a dénoncé lundi 25 mars l'arrivée de migrants dans sa ville qui seraient, selon lui, "déplacés" en province "en catimini" pour faire "place nette" à Paris avant les Jeux olympiques cet été.

"Orléans n’a pas vocation à accueillir la colline du crack de Paris", a prévenu Serge Grouard, selon lequel quelque 500 migrants SDF ont été transférés de la capitale vers sa ville depuis près d'un an sans en avoir été informé par les services de l'Etat.

"Faute de renseignements officiels, j’ai donc croisé quelques chiffres recueillis auprès d’associations et du Centre communal d'action sociale de la ville d’Orléans", a-t-il expliqué lors d'un point-presse. "Il est ainsi avéré que, toutes les trois semaines, un car arrive à Orléans de Paris, avec à son bord entre 35 et 50 personnes. Ce dispositif semble fonctionner depuis mai 2023", souligne l'élu.

Quelle est la réponse de la préfecture?

La préfecture du Loiret a démenti mardi que l'arrivée de migrants à Orléans venant de Paris était liée à la tenue des Jeux olympiques.

"En vue de répondre à l’ampleur des besoins d’hébergement d’urgence en Ile-de-France, dix sas d’accueil temporaire régionaux ont été mis en place par l’Etat à l’échelle nationale pour y orienter une partie des personnes prises en charge dans le cadre d’opérations de mise à l’abri conduites chaque semaine dans cette région", a indiqué la préfecture du Loiret. "Toutes les trois semaines, 50 personnes au maximum sont prises en charge dans ce sas géré par une association mandatée et financée par l’Etat" et qui font l'objet d'"une évaluation de situation administrative".

A l’issue de cette période, les personnes se voient proposer une orientation en fonction de leur situation dans des dispositifs répartis entre les six départements de la région. En dix mois, 519 personnes ont été prises en charge dans ce cadre dans la région Centre-Val de Loire, dont 134 personnes dans le Loiret.

Le ministre du Logement met en garde contre toute "confusion"

A l'Assemblée nationale, le ministre chargé du Logement, Guillaume Kasbarian, a mis en garde contre une "confusion": les individus accueillis dans le SAS d'Orléans ne sont "pas tous des étrangers ou des migrants", a-t-il répondu lors des questions au gouvernement à la députée RN du Loiret Mathilde Paris.

"Tous les soirs, grâce à l'action de l'État, du ministère et des associations, 200.000 sans domicile fixe trouvent refuge et trouvent un toit dans notre pays. C'est 200.000 au niveau national, 100.000 en Ile-de-France", a-t-il expliqué.

Mais en raison de la saturation de l'offre, a-t-il rappelé, le gouvernement a mis en place cette "politique de desserement", "sans aucun lien avec les Jeux olympiques". Au total, "3.800 personnes" (...) ont trouvé "refuge dans des SAS régionaux" depuis mars 2023, a précisé le ministre délégué.

Un maire du Tarn appelle à s'opposer à la "répartition des migrants"

Dans le Tarn, l'édile de Lavaur a appelé, dans La Dépêche, les maires à s’opposer à la "répartition des migrants". "Les migrants ne sont pas des meubles qu’on déménage", estime le LR Bernard Carayon. 

"Tout cela pour rendre Paris plus blanc, plus propre, plus présentable à l’approche des Jeux Olympiques. Cette méthode est indigne et hypocrite. Depuis des années, le nombre de migrants en France n’a cessé de croître. Il y en avait 500.000 l’an dernier, dont 140.000 demandeurs du statut de réfugié. 60 % d’entre eux ne l’obtiendront pas. Et 90 % de ceux qui seront déboutés ne seront jamais expulsés dans leur pays d’origine."

Des associations qui alertent depuis des mois

Fin octobre, plusieurs dizaines de militants avaient déployé des banderoles - "Ne pas laisser l'exclusion en héritage", notamment - devant le Sacré-Coeur, à Paris, et ont déroulé de longues bandes de papier sur les marches. Sur chacune, un mot: "squat", "bidonvilles", "campements": tous les lieux de vie occupés par des migrants, des sans-abri ou encore des travailleuses du sexe et qui sont progressivement vidés par les autorités en vue des Jeux, s'inquiètent ces organisations.

"Les JO, c'est un beau vernis qui cache la misère. C'est ça le nettoyage social, c'est faire disparaitre la solidarité", a illustré Paul Alauzy, coordinateur chez Médecins du Monde et porte-parole du collectif "Le revers de la médaille", qui regroupe plusieurs associations et ONG venant en aide aux personnes précaires vivant à la rue.

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