Vous souhaitez abandonner votre arme à l'État? L'opération de collecte démarre ce lundi à Monaco

Jusqu’au 5 avril, l’État monégasque propose aux résidents détenant des armes et munitions non déclarées de s’en dessaisir, sans craindre des poursuites administratives ou judiciaires.

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Thibaut Parat Publié le 25/03/2024 à 15:01, mis à jour le 25/03/2024 à 16:09
La Sûreté publique a répertorié 760 armes à feux de défense et de chasse actuellement en circulation sur le territoire monégasque. Illustration Jean-François Ottonello

C’était un souhait du gouvernement princier, c’est désormais une réalité. Dès aujourd’hui et jusqu’au 5 avril, les particuliers de la Principauté peuvent abandonner à l’État monégasque leurs armes non déclarées - trouvées puis conservées, ou bien héritées d’aïeuls - sans craindre des poursuites administratives et judiciaires. "L’objectif est de sortir du circuit des armes qui peuvent présenter un danger dans le cadre domestique, en cas de mauvaise manipulation, mais aussi de limiter les risques que celles-ci soient volées lors de cambriolages puis redistribuées dans des réseaux criminels à des fins d’exactions, justifie le commissaire divisionnaire Rémy Le Juste, chef de la Division de police administrative, chargée de la réglementation sur les armes. On n’a, heureusement, pas eu à le déplorer à Monaco. Cette opération n’est pas motivée par une crainte mais est effectuée à titre de prévention."

Une campagne nationale largement inspirée de celle menée fin 2022 en France, où les autorités avaient déployé une logistique considérable: 300 "armodromes" disséminés dans l’Hexagone avaient permis de recueillir 150.000 armes et quasiment 5 millions de munitions. La superficie restreinte du territoire monégasque implique, de fait, un processus de collecte différent pour les autorités du pays.

Rendez-vous au domicile

La première semaine, du 25 au 29 mars, sera dévolue à la prise d’un rendez-vous auprès de la Sûreté publique. "Pour éviter des transports ostensibles d’armes dans la rue qui pourraient susciter des inquiétudes légitimes, ce sont les policiers de la Sûreté publique qui se déplaceront au domicile des particuliers, du 1er au 5 avril. En attendant, ceux-ci doivent éviter toute manipulation des armes", insiste Rémy Le Juste.

Sur site, donc, les agents de la section des enquêtes administratives recenseront armes et munitions, les mettront en sécurité avant de les rapatrier dans les locaux de la Sûreté publique.

Une fois l’opération achevée, c’est l’armurerie de Monaco qui procédera à la destruction ou à la neutralisation des armes. "En cas de signalement d’un engin explosif à l’occasion de cette campagne, seuls les démineurs de la Sûreté publique interviendront. Les sapeurs-pompiers de Monaco en seront avisés", poursuit le commissaire divisionnaire.

Trois résidents ont récemment remis des armes

Depuis l’annonce, lors des vœux de la Sûreté publique, du souhait d’organiser une telle opération, trois résidents monégasques se sont spontanément présentés aux services de police pour remettre des armes illégalement détenues : deux pistolets, deux fusils de chasse hérités et une petite centaine de munitions. "Ce n’est pas rare, après le décès d’un parent, que des particuliers nous contactent pour se débarrasser d’armes recensées lors de l’inventaire des biens."

Depuis 2021, l’armurerie de Monaco a procédé à 119 destructions ou neutralisations d’armes.

Absence de poursuites

Difficile de prédire le nombre d’armes qui seront collectées et, donc, du succès ou non de l’opération, mais l’absence de poursuites pénales sur l’infraction de « défaut d’autorisation, d’acquisition et de détention d’armes » est de nature à faciliter cet abandon à l’État monégasque. "Il y a beaucoup, beaucoup d’armes à Monaco. Et, on ne le sait pas forcément", avait déclaré l’élu Fabrice Notari, en décembre dernier, dans l’Hémicycle du Conseil national. Officiellement, la Sûreté publique a répertorié 760 armes à feux de défense et de chasse actuellement en circulation sur le territoire monégasque. En outre, 600 personnes pratiquent le tir sportif en Principauté. Pour le reste, seule cette campagne d’abandon permettra de savoir si beaucoup d’armes sont passées sous les radars de la police monégasque.

Rappelons que l’importation sans autorisation d’armes ou de munitions, quelle que soit la catégorie, reste un délit punissable.

Chaque résident s’installant en Principauté y est d’ailleurs sensibilisé.

Le canon de l’arme est découpé en petits morceaux. Photo d'illustration A.P..

Comment l’armurier détruit ou neutralise une arme?

Située dans le quartier de Fontvieille, au 4-6 avenue Albert II, l’Armurerie de Monaco n’a pas pignon sur rue. Ne cherchez donc pas de devanture car l’infrastructure est logée au troisième sous-sol du bâtiment en question. Pour s’y rendre et acquérir armes et munitions, un rendez-vous demeure obligatoire. L’Armurerie de Monaco fournit les policiers et carabiniers, les sociétés privées, les tireurs sportifs mais aussi les chasseurs.

C’est aussi ici que, sur réquisition de la Sûreté publique, les armes abandonnées à l’État sont détruites ou neutralisées. « La destruction consiste à découper en petits morceaux, à la disqueuse ou au plasma, tous les organes nécessaires au bon fonctionnement de l’arme : le canon, la culasse, le chargeur, les percuteurs », explique Erwan Grimaud, dirigeant de l’Armurerie de Monaco depuis moins de deux ans. Les différentes pièces découpées seront ensuite fondues et recyclées. « Quant à la neutralisation, on va rendre l’arme non fonctionnelle. Elle deviendra alors un objet figé dans le temps. On enlève le percuteur, on obture le canon, on perce les dents pour éviter toute possibilité de retour, on soude le chargeur ou on le remplace par un bouchon », poursuit Erwan Grimaud. Ce processus peut présenter un intérêt si l’arme possède une histoire et qu’elle peut être collectionnée.

« L’armurier de Monaco a un registre spécial de police sur lequel il va consigner toutes les opérations commerciales : destructions et neutralisations, réparations, ventes… », confie le commissaire divisionnaire Rémy Le Juste, chef de la Division de police administrative.

Tout mouvement d’arme, donc, est connu de la police monégasque. Sauf si leurs détenteurs passent outre les obligations légales.

La marche à suivre

Pour vous dessaisir gratuitement de vos armes et munitions non déclarées, la semaine du 25 au 29 mars est consacrée à la prise de rendez-vous auprès de la Sûreté publique. Pour cela, il faut joindre le 93.15.31.26 ou le 93.15.31.38 ou écrire un mail à ppg@gouv.mc.

Un rendez-vous sera alors fixé pour la semaine suivante, celle du 1er au 5 avril. Ce sont les policiers monégasques qui se déplaceront à votre domicile pour les recenser, les mettre en sécurité avant de les rapatrier dans leurs locaux.

"S’il y a des retardataires, il sera toujours possible d’abandonner ces armes après cette période, comme nous le faisons tout au long de l’année", rassure le commissaire divisionnaire Rémy Le Juste, chef de la Division de police administrative.

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