Du train à l’autoroute, contrôles à géométrie variable à la frontière entre la France et l'Italie

En théorie, Français et Italiens ne peuvent franchir la frontière qu’à des conditions strictes. En pratique, cela reste tout à fait possible sans être contrôlé. Reportage de Nice à Vintimille.

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Christophe CIRONE Publié le 26/02/2021 à 23:40, mis à jour le 26/02/2021 à 23:40
A la sortie de l’autoroute, vendredi matin, la police contrôle de manière aléatoire les véhicules arborant une plaque française ou monégasque. Photo Sébastien Botella

La France ferme ses frontières." Ainsi résumée, l’équation dévoilée fin janvier par Jean Castex paraît simple. En réalité, cette fermeture n’a rien d’hermétique. Ni côté français, ni côté italien. D’autant que les deux voisins n’ont pas adopté les mêmes armes pour freiner l’épidémie de Covid-19, au moment où la Côte d’Azur se reconfine et où une partie de la Ligurie vire à l’orange sanguine.

9h06, ce vendredi matin. Gare de Nice-ville. Un TER nous embarque en direction de Vintimille. La plupart des voyageurs descend à Monaco. Quelques-uns poussent de l’autre côté de la frontière. Ou rentrent à la maison. Comme Max, 25 ans, de retour d’un entretien professionnel.

"Jusqu’au 5 mars, ils font des contrôles durs en Italie. Les mesures s’allégeront ensuite", explique-t-il. Max débutera son nouveau travail dans la foulée. Il disposera alors d’une attestation justifiant ses déplacements. Là, non, il n’en a pas. "J’aurais pu la faire sur mon ordinateur. J’ai oublié", admet-il. En cas de contrôle, Max donnerait le contact de son futur employeur. Des contrôles, Max en a vus, oui. Le matin même. "Ils ne m’ont rien dit. Ils contrôlent surtout les migrants."

Wagon suivant. Un couple de retraités niçois se rend à Vintimille. "On va se balader quelques heures, en bord de mer, au marché..." Pas de motif impérieux, donc. Mais un test antigénique en poche. "On l’a fait hier après-midi. Négatif. Même si on nous contrôle, nous sommes en règle."

400 euros d’amende

Les forces de l’ordre interviennent au péage à Vintimille. Photo Sébastien Botella.

Menton-Garavan. Dernier arrêt avant la frontière. Notre TER redémarre, puis stoppe en pleine voie. Contrôle en vue ? "Panne d’alimentation électrique", corrige le conducteur. Pas de quoi inquiéter Blessing, Nigérian de 22 ans, parti de Marseille pour aller voir sa famille à Turin. Ni Jocelyne et Solange, deux sexagénaires niçoises.

Ces retraitées ont leurs habitudes au marché de Vintimille. Il y a trois semaines encore, elles pouvaient s’y attabler au resto. Ce n’est plus possible. Vintimille, San Remo ou encore Boridghera ont basculé en arancione ("orange"). Jocelyne et Solange l’ignoraient. "S’ils nous contrôlent, on fait demi-tour", relativisent les deux amies. Elles voient bien que la donne a changé : le wagon est quasi vide. "Normalement, le vendredi, le train est bondé. On est debout, collés les uns aux autres..."

10h13. Vintimille. Pas de carabinieri en vue. Juste un message vocal appelant à respecter les règles de distanciation. Place de la gare, deux poliziotti renseignent une femme devant leurs véhicules. Mais pas davantage de contrôle. Tant mieux pour les contrevenants. En Italie, la multa ("l’amende") est salée : 400 euros.

"Un test négatif suffit"

Les forces de l’ordre vérifient les justificatifs des automobilistes. Sébastien Botella.

Quelques kilomètres plus haut, autre tableau. Autoroute, péage. Une petite dizaine d’agents italiens contrôle les véhicules arborant une plaque 06, 83 ou monégasque. Une partie, du moins. Notre photographe observe une trentaine de contrôles en une heure. De longues vérifications. Des automobilistes qui fournissent plusieurs justificatifs. Et l’un d’eux contraint de faire demi-tour.

Côté Vintimille-ville, un agent de police nous confie les nouvelles directives. "Nous faisons des contrôles aléatoires. Nous demandons le motif de la venue. Mais s’ils ont un test négatif de moins de 72 heures, c’est bon." Selon lui, les contrôles ont été intensifiés. Même si très peu de Français viennent désormais. "Nous essayons de contrôler et gérer la situation. Mais que les choses soient claires : on ne fait pas une chasse !"

Midi. Embarquement pour Nice. Sur le trajet du retour, pas davantage d’uniforme en vue. RAS en gare de Menton-Garavan. Seul l’affichage numérique rappelle de "porter un masque pendant votre voyage". Une mesure globalement bien respectée à bord. Même si elle omet de préciser qu’il faut le garder sur le nez.

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