Qui est Vitaliy Kim, ce gouverneur ukrainien qui se moque de Moscou et fait des blagues malgré la guerre?

A l'image de Volodymyr Zelensky, Vitaliy Kim a troqué, depuis le début de la guerre, son costume cravate pour un treillis militaire. S'adressant aux journalistes ce mercredi, il portait un t-shirt à l'effigie du "Predator", le monstre du film de science-fiction éponyme.

La rédaction (avec AFP) Publié le 19/08/2022 à 07:45, mis à jour le 24/08/2022 à 17:46
Vitaliy Kim Photo DR

Vitaliy Kim a un sens de l'humour très particulier. Peut-être est-ce là un prérequis pour son poste de gouverneur de la région de Mykolaïv, dans le sud de l'Ukraine, où les combats avec la Russie pourraient reprendre de plus belle.

Des missiles déchirent régulièrement le ciel nocturne de Mykolaïv, où l'approvisionnement en eau est coupé et où le bureau de M. Kim n'est plus qu'un trou béant, réduit en cendres par une frappe russe au début de la guerre.

Il plaisante aujourd'hui en assurant qu'il a réchappé à ce bombardement, qui a fait 37 morts en mars, uniquement parce qu'il avait raté son réveil à une période où il passait son temps à publier des nouvelles déprimantes sur les réseaux sociaux.

Ses vidéos dans lesquelles il se félicite d'un blindé russe capturé ou riant à des blagues sur Moscou ont fait de lui une personnalité phare ces derniers mois.

En tee-shirt "predator" devant la presse

Cet homme de 41 ans entré seulement en 2019 en politique tente simplement de créer des moments de légèreté, alors que l'Ukraine traverse la pire menace existentielle qu'elle ait connue depuis son indépendance.

"Il y a différentes manières de gérer la situation. C'est mon style, ce qui ne veut pas dire que c'est facile", explique Vitaliy Kim à l'AFP, tout en insistant: il "aime" son travail.

A l'image du président Volodymyr Zelensky, M. Kim a troqué depuis le début de la guerre son costume-cravate pour un treillis militaire. S'adressant aux journalistes mercredi, il portait un t-shirt noir à l'effigie du "Predator", le monstre du film de science-fiction éponyme, avec une inscription incongrue: "Département de patrouille de la police".

Devant le bâtiment détruit de son administration, où les murs sont encore couverts de traces de sang, il explique sa philosophie du leadership par l'humour. "J'ai pris la décision de faire en sorte que notre ennemi ait l'air stupide et insensé. Nombreux sont ceux qui avaient besoin de ça pour ne pas avoir peur", dit-il.

Si les Ukrainiens n'ont aujourd'hui "plus vraiment besoin" de ces notes humoristiques pour garder le moral, contrairement aux premiers temps de l'invasion, le style de Vitaliy Kim est resté car il est apprécié.

Son sens de l'humour semble s'aligner avec l'attitude générale adoptée par les Ukrainiens -- le président Volodymyr Zelensky est lui-même un ancien comédien - après six mois de violences paraissant sans fin.

Quand des explosions en Crimée ont ravagé à deux reprises des bases militaires russes, les responsables ukrainiens n'ont pas manqué d'ironiser, sans pour autant reconnaître leur responsabilité alors que tous les regards se tournaient vers Kiev.

"Ils ont perdu la tête"

Vitaliy Kim revendique aussi la paternité du terme "orques", référence aux créatures violentes et barbares du monde de l'heroic fantasy, utilisé en Ukraine pour désigner les soldats russes de manière insultante. "Ils étaient vraiment comme eux parce qu'ils ont perdu la tête. La propagande en Russie, depuis des dizaines d'années, a modifié leur pensée", croit-il savoir. "Même eux ne comprennent pas ce qu'ils font".

Le gouverneur n'est pour autant pas un simple amateur de blagues. Interrogé sur la contre-offensive menée par les forces ukrainiennes dans le sud de l'Ukraine, son visage se fige. Il se contente de dire que la situation sur le front est "bonne", mais que planifier une telle opération "n'est pas simple" et que l'Ukraine est engagée dans une "défense active""Le terme de 'contre-offensive' est très général. C'est en cours, c'est tout", ajoute-t-il.

Derrière son apparence enjouée semble se cacher un autre homme, occupé à construire des plans d'urgence pour toute éventualité. Vitaliy Kim affirme que les gens prennent souvent sa légèreté pour de la faiblesse. "Ce n'est pas vrai car je peux sourire, mais je peux aussi détruire", lance-t-il.

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Monaco-Matin

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