On a rencontré le pilote grassois de Formule 2, Théo Pourchaire, avant le Grand Prix de Monaco

Éblouissant "poleman" et vainqueur dans l’antichambre de la F1 l’an dernier en Principauté, Théo Pourchaire le Grassois démarre ce jeudi avec l’ambition de reprendre les rênes du championnat FIA F2 perdues dimanche à Barcelone.

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Gil Léon Publié le 26/05/2022 à 08:35, mis à jour le 26/05/2022 à 11:04
À domicile, Théo Pourchaire a "l’occasion de réagir illico". Photo Jean-François Ottonello/Dylan Meiffret

Comme un certain Charles Leclerc à l’étage supérieur, il a perdu la tête au tournant de Montmelo. Sur le front du championnat FIA F2, l’antichambre de sa majesté Formule 1, Théo Pourchaire ne mène plus la danse. Son Max Verstappen à lui s’appelle Felipe Drugovich!

Le week-end dernier, le jeune loup brésilien a fait carton plein: deux départs, deux victoires, 35 points. De quoi déloger et même distancer quelque peu le leader azuréen, seulement 5e et 8e de l’autre côté des Pyrénées.

S’il a perdu la bataille d’Espagne, le prodige grassois de 18 ans, qui espère voir la porte de l’ascenseur s’ouvrir l’hiver prochain, compte bien gagner une guerre vrombissante dont le dénouement est fixé en novembre à Abu Dhabi. Ce jeudi après-midi, à 17h05 très précisément, Théo reposera ses roues sur le fameux tourniquet monégasque où il était devenu il y a douze mois le plus jeune poleman et vainqueur en F2. Suivez son regard, il vise haut!

Théo, après ce dernier week-end barcelonais pas vraiment à la hauteur de vos attentes, on vous imagine content de redémarrer tout de suite à Monaco. Vrai ou faux?

C’est bien d’avoir l’occasion de réagir illico, en effet. À Barcelone, on a vécu un meeting en demi-teinte. Ni très bon, ni très mauvais. On a perdu pas mal de points. C’est dommage mais c’est comme ça. On sait à peu près pourquoi nous n’avons pas obtenu de meilleurs résultats. L’analyse est faite. La page tournée.

Lors des qualifications, il vous a manqué quoi pour aller plus haut?

Pas grand-chose, à vrai dire. Les écarts étaient infimes. Je finis à trois gros dixièmes de la pole (7e à 0’’389, ndlr). Par rapport à mon coéquipier (le Danois Frederik Vesti, 3e à 0’’240), j’ai sans doute fait un choix trop conservateur. Au moment du pit stop, en chaussant le second train de pneus, nous avons opté pour le statu quo au niveau des réglages. Je craignais de dégrader le comportement de l’auto, d’accroître le sous-virage. Peut-être aurions-nous tenter quelque chose, tout de même...

Quid des départs, qui vous posent parfois problème?

On planche sur ce paramètre dans le but de s’améliorer. En Catalogne, le départ de la course 1 n’est pas terrible. Et je commets ensuite une erreur au virage 4 qui m’empêche de terminer sur le podium, probablement. Celui de la course 2 est très bon, en revanche. La procédure s’avère assez complexe. Il y a plein de petits détails à gérer. Mais je ne me fais pas de souci. La situation n’est pas catastrophique, loin s’en faut...

Avant l’ouverture des hostilités, auriez-vous signé pour débarquer à Monaco en 2e position de la hiérarchie provisoire à 26 longueurs du leader?

Honnêtement, oui. Après quatre étapes sur quatorze, ce n’est pas un mauvais bilan. Moi, je veux décrocher le titre, rien d’autre. Donc il faudra être devant tout le monde à l’heure des comptes. La saison 2022 est très longue. Il reste dix manches à négocier. Vingt courses! Dans l’immédiat, il y a une priorité: ne pas laisser le leader s’échapper. Surtout pas...

Quel est votre motif de satisfaction numéro 1 jusqu’à présent?

La performance. Dans ce domaine, le niveau est convenable. On a gagné deux des quatre courses principales, à Bahreïn et Imola, un nouveau circuit. Quand on vise le titre, il faut en remporter un maximum. Comme Oscar Piastri la saison dernière.

Et a contrario, le principal point négatif?

J’encaisse deux zéros pointés à cause de problèmes mécaniques. Ça fait mal, sachant que je pouvais chaque fois engranger des gros scores. Le leader, lui, n’a pas connu de tels coups d’arrêt. Il a marqué partout. De quoi expliquer l’écart actuel.

Felipe Drugovich totalise trois succès, soit un de plus. Êtes-vous surpris par son début de saison canon?

Pas vraiment. Sur le papier, il figurait parmi les "pointures" à surveiller. Pour tout dire, c’est plutôt son équipe (la structure néerlandaise MP Motorsport) qui m’étonne. Une bonne écurie mais pas un top team. Je ne m’attendais pas à les voir si haut. Sans doute qu’ils bossent dur car ils progressent vite.

Drugovich, vous le considérez comme le plus sérieux adversaire aujourd’hui?

Oui, ça me semble logique puisqu’il tient la corde au championnat. Il a fait le plein à Barcelone. De quoi prendre un peu d’avance. Comme lui, je possède une petite marge par rapport à mon premier poursuivant. Vivement la suite!

Vous aurez l’avantage de disputer deux matchs à domicile, Monaco et Le Castellet...

En effet! Le circuit Paul Ricard a été désigné la semaine dernière pour remplacer la Russie. C’est top! Super pour la France. J’ai hâte de négocier la courbe de Signes et le double droite du Beausset à bord d’une F2, avec autant de puissance et d’aéro. Ma seule expérience en compétition sur ce tracé ne date pas d’hier: 2018, en championnat de France F4!

Un deuxième week-end en piste consécutif, vous pouvez le préparer aussi bien qu’un autre?

Oui. L’expérience acquise l’an dernier à Monaco m’aide, forcément. Même si certaines données vont changer par rapport à 2021. Je pense à la météo, entre autres. Comme d’habitude, on s’adaptera. Là, je me sens prêt. J’aborde cette deuxième expérience à Monaco comme une nouvelle histoire. On repart à zéro!

Le fait d’avoir décroché au pied du Rocher votre première pole et votre première victoire en F2génère-t-il un petit surcroît de confiance?

Puisque je l’ai fait, je sais que je peux le refaire. Mais pas question de sous-estimer la concurrence. Personne n’a roulé à Monaco depuis un an. Moi, j’ai regardé une vidéo embarquée de ma pole, quelques data, c’est tout. Comme les autres, je vais replonger dans le bain ce jeudi. Les essais libres seront hyper importants pour reprendre des repères, retrouver des sensations. Mieux vaut rester calme, serein.

Faire mieux qu’en 2021, c’est possible?

Moi, vous savez, je cherche toujours à obtenir le maximum. L’an passé, c’était presque parfait. Faire mieux, là, ce serait signer le meilleur tour en course. Réussir de beaux dépassements lors de l’épreuve sprint si je pars 10e sur la grille inversée. On verra. Mais la pole et une victoire en course longue comme la dernière fois, sûr que ça m’irait déjà très bien...

Pour vous, tutoyer la limite à Monaco, c’est un frisson à part?

Ah oui, carrément! Vu de l’extérieur, les courses paraissent souvent monotones. Mais volant en main, dans le feu de l’action, on ne s’ennuie pas, jamais, croyez-moi. Que l’on soit chassé ou chasseur, boucler 42 tours ici dans une F2, ça demande un effort considérable. Physique et mental. Les qualifications, exercice ô combien primordial, réclament une concentration optimale, une précision extrême. À mes yeux, il n’y a pas plus beau circuit que Monaco sur cette planète!

À Barcelone, on a vu Jüri Vips piloter une Red Bull lors des essais libres 1. Le prochain jeune talent convié a ce genre de réjouissance sera-t-il Théo Pourchaire au volant d’une Alfa Romeo?

Je ne sais pas. A priori, il y a plus de chances que le suivant s’appelle Oscar Piastri (le champion F2 sortant qui ronge aujourd’hui son frein chez Alpine en tant que pilote réserviste). J’espère pour lui qu’ils le feront rouler un peu. De mon côté, je suis pleinement concentré sur la F2. À partir de maintenant, les échéances vont se suivre à un rythme effréné jusqu’à la fin de l’été. Ensuite, on verra. Pour offrir une telle opportunité, quand on est à la Sauber Driver Academy, il faut des bons résultats. Donc je sais à quoi m’en tenir.

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