Un Azuréen bloqué au Burkina Faso en plein coup d'Etat témoigne

En mission professionnelle, Landry Carpaye, originaire de Draguignan et installé à Antibes, a été mis à l’abri avec d’autres Français dans un hôtel sécurisé proche de Ouagadougou. Il témoigne.

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Laurent Amalric Publié le 26/01/2022 à 06:30, mis à jour le 26/01/2022 à 06:47
Landry Carpaye donnait de ses nouvelles ce mardi du bord de la piscine de son hôtel bouclé et surveillé par l’armée. Photo DR

Le destin est parfois retors. Le cas de Landry Carpaye, ce quadragénaire d’origine dracénoise désormais installé à Antibes, en est l’illustration. En 2015, il se trouve à Bamako non loin de la fusillade de l’hôtel Radisson où sont retenus des confrères. Cette semaine, le voici bloqué à Ouagadougou, au milieu du coup d’État qui paralyse le Burkina Faso.

Les risques du métier diront certains... Le technicien aérien en prenait son parti sans affolement ce mardi, mais la lassitude pointait tout de même alors qu’il vit en vase clos dans son hôtel protégé, avec d’autres expatriés. En attendant que l’ambassade française ne leur vienne en aide.

Quelle est la situation sur place?
J’entends des tirs de l’hôtel et des hélicoptères survolent notre zone, mais en dehors de cela la situation est indescriptible car nous demeurons isolés. Je me trouve dans un hôtel surveillé par l’armée, en dehors du centre-ville et nous n’avons que peu d’informations, tout est contradictoire. Y compris à la télé car ce média est aux mains des mutins. En fait, l’inquiétude provient de ne pas savoir ce qui se passe réellement.

Quel est l’objet de votre présence?
Je devais installer des systèmes pour la gestion du trafic aérien sur l‘aéroport durant deux mois pour le compte d’une grande entreprise française. Je suis arrivé le 19 janvier et les incidents ici ont débuté samedi 22 janvier. Depuis tout est suspendu. Les rebelles ont fermé les frontières aériennes et terrestres. Je n’ai aucune visibilité sur l’avancement de mon départ initialement prévu le 18 mars dans le cadre de ma mission.

Est-ce que la situation bouge dans ce sens?
Pour l’instant nous n’avons que des messages par mail et sms de l’ambassade de France. Le discours est tous les jours le même: rester en lieu sûr jusqu’à nouvel ordre car il y a en plus un fort sentiment anti-français de la part des putschistes. L’hôtel étant sécurisé, de plus en plus d’expatriés viennent nous rejoindre ces jours-ci. Un recensement sur les effectifs à évacuer doit justement être fait aujourd’hui par un officier des sapeurs-pompiers de Paris, l’armée française ayant un détachement dans le pays.

Après Bamako, comment votre famille vit-elle ces nouveaux événements?
Je suis en contact permanent avec eux ainsi que mes amis à Nice. Ma mère est aux Arcs et mes frères à Draguignan et Fréjus. Ils ont dû aussi pouvoir tenir au courant mon père qui vit à La Réunion. Je garde également le lien avec mon entreprise pour résoudre des problèmes sur un autre site au Congo-Brazzaville, en attendant l’évacuation.

Ces situations ne sont-elles pas pesantes à force?
Bamako s’était bien terminé. J’avais pu rentrer rapidement. J’ai l’habitude de travailler dans des pays où le climat est instable politiquement. Deux autres collègues se sont retrouvés en Guinée lors du coup d’État en 2021. ça fait malheureusement partie des aléas de notre travail. Nous sommes au courant des risques encourus. Mais c’est vrai qu’on commence à se poser des questions.

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